Les jardins de l'abbesse
On a un peu oublié qu’un abbé (ou une abbesse), sous l’Ancien Régime, est à la tête non seulement d’une communauté religieuse, mais aussi d’une seigneurie. Celle-ci comporte des biens et des droits, les uns attribués à l’abbaye au moment de sa fondation, les autres offerts par divers donateurs au fil du temps, d’autres enfin résultant d’achats ou d’échanges. Étant donné leur éloignement, parfois considérable, il faut évidemment ce que nous appellerions aujourd'hui des « centres de gestion » confiés à des officiers de l’abbaye.
À Wangen, en 845, le seigneur était une femme, l’abbesse de Saint-Etienne, communauté strasbourgeoise de chanoinesses nobles. L’empereur Lothaire lui avait offert « Wangen avec tout ce qui en dépend », ainsi que la haute et la basse justice.
La cour franche de Wangen est attestée au moins depuis 1270. Selon un modèle courant en Alsace, c’est un « Dinghof », une « cour colongère ». Les paysans qui en dépendent ont leur propre tribunal et des droits qui feraient alors rêver plus d’un vilain dans d’autres régions. En plus, en tant que « Dinghof », c’est un lieu d’asile, c’est-à-dire qu’on ne peut appréhender quiconque s’y réfugie, du moins pour un temps.
Autour des remparts, l'abbesse possédait des jardins calmes et réservés, un havre de paix et de verdure. Comme dans tous les jardins médiévaux, les plantations étaient ordonnancées en croix autour d'un point d'eau . On pouvait y trouver des fleurs : roses, lys et iris, mais aussi des plantes médicinales comme la sauge, la verveine, le romarin, le laurier, la livèche, le fenouil, la mélisse et d’autres encore, utilisées jadis pour soigner tous les maux.
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